Pirouettes et plein de rose à la seule école de danse classique de Gaza

GAZA | NIDAL AL-MUGHRABI

 

Palestinian girls take part in a ballet dancing course, run by the Al-Qattan Center for Children, in Gaza City

Des petites Palestiniennes prennent part à un cours de danse classique le 25 novembre 2015 au Centre pour Enfants Al-Qattan de Gaza Ville.

REUTERS/SUHAIB SALEM

 

Le groupe de filles, queues de cheval et tenues roses, tendaient les bras sur les côtés et pivotaient sur la pointe des pieds, essayant désespérément de garder l’équilibre. Regard d’aigle, la maîtresse surveillait la dernière moisson de potentielles futures ballerines de Gaza.

 

Cinquante filles, âgées de cinq à huit ans, sont actuellement inscrites à l’école de danse classique du Centre pour Enfants Al-Qattan de Gaza, ce qui en fait l’une des classes les plus populaires régies par l’institut des Arts, sous l’oeil attentif d’une professeure ukrainienne.

 

Au milieu du chaos et de la destruction qui ont si souvent frappé Gaza ces cinq dernières années, avec les guerres répétées entre Israël et le Hamas, l’école est un havre de calme et d’ordre, une école dont beaucoup de parents espèrent ardemment que leurs enfants vont profiter.

 

« Ce projet de ballet était un rêve pour beaucoup de familles », a dit Heyam Al-Hayek, à la tête des activités culturelles de Qattan. « Elles demandaient des cours de danse classique, mais nous n’arrivions pas à trouver de professeurs. C’était difficile de faire venir un professeur de l’étranger. »

 

Le rêve a commencé à prendre forme lorsque nous avons trouvé Tamara, Ukrainienne mariée à un Palestinien et vivant à Gaza, qui avait étudié la danse et était qualifiée pour enseigner. Elle a demandé que nous ne donnions pas son nom de famille.

 

En été, on a commencé un programme pilote, sans être sûrs du nombre de parents qui s’engageraient étant donné le conservatisme de la société de Gaza et le fait que la danse classique n’est guère un passe-temps courant. Avant de le savoir, 50 enfants, toutes des filles, étaient inscrites. Il y a maintenant une liste d’attente qui s’élève à des centaines.

 

Dans la grande salle carrelée, 14 élèves se tenaient à l’unisson le long du mur, une main sur une longue barre en métal. Comme Tamara leur montrait les pas, elles imitaient avec précision, orientant leurs pieds, pliant les genoux, un bras écarté, menton relevé.

 

Quelques enfants ont vécu quatre guerres pendant leurs courtes vies, dans Gaza à vif depuis que le groupe islamiste Hamas a pris entièrement le contrôle de l’enclave en 2007. Depuis, l’Egypte et Israël ont maintenu un blocus sur le territoire, surveillant précautionneusement le passage des marchandises et des populations dans les deux sens.

 

Pour les parents, que leur enfant ait la chance de participer à quelque chose de si éloigné de la vie habituelle à Gaza est à la fois éducatif et psychologiquement positif. La mère de la petite Maria de six ans a dit que le ballet avait aidé sa fille à surmonter des années de traumatisme.

 

« Elle souffrait depuis la guerre de 2012 et son état avait empiré après la guerre de l’année dernière », a dit Manal Abu-Muamar, décrivant les cauchemars de Maria et sa peur d’aller dormir.

 

« Après son premier cours de danse, elle est rentrée à la maison aussi joyeuse qu’un oiseau. Elle refaisait les mouvements qu’elle avait appris et tournait dans la maison comme un papillon. »

 

Presque la moitié des 1.8 million d’habitants de Gaza ont moins de 18 ans et l’UNICEF, Fonds des Nations Unies pour l’Enfance, estime que 400.000 d’entre eux ont besoin d’une forme ou d’une autre de soutien psychologique.

 

Mais, à côté de cette évasion et d’une chance de pouvoir expérimenter ce qu’elles n’ont fait que voir à la télé, il y a plusieurs élèves que leur professeur a décrites comme « excellentes » et « solides », avec le désir d’aller plus loin dans la danse.

 

« J’avais l’habitude d’imiter les ballerines que je voyais à la télévision ou sur YouTube », a dit Bana Zuarub âgée de huit ans.

 

« Maintenant j’apprends pour de vrai et j’adore vraiment ça. »

 

(Reportage de Nidal Almughrabi – Publié par Luke Baker et Alison Williams)

 

Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine

Source: Reuters.com

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